Biodiversité Temps de lecture 2 min
La flore spontanée, une alliée naturelle pour protéger les vergers
L’agriculture moderne fait face à un double défi : réduire l’utilisation des pesticides tout en préservant la biodiversité. En étudiant 18 vergers de pommiers en Provence, les chercheurs d’INRAE ont montré que la flore spontanée joue un rôle clé dans la protection des cultures en offrant refuge et ressources aux insectes pollinisateurs et aux prédateurs naturels des ravageurs.
Publié le 03 février 2025

L’intensification des pratiques agricoles a provoqué un déclin significatif de la biodiversité, perturbant des services essentiels comme la pollinisation et le contrôle biologique des ravageurs. Pourtant, une solution simple et accessible pourrait résider dans la préservation de la flore spontanée au sein des agroécosystèmes. Parmi cette flore, les graminées et les plantes à fleurs fournissent nectar et pollen à des insectes utiles, aidant ainsi à réguler les populations de nuisibles de manière naturelle.
Dans les vergers de pommiers méditerranéens de la Basse Vallée de la Durance, les chercheurs d’INRAE, en collaboration avec l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale (IMBE), ont étudié les interactions entre la flore spontanée, les pollinisateurs et les principaux ravageurs. Ils ont constaté que 5 à 10 % de fleurs parmi cette flore suffisent à attirer une diversité significative d’insectes bénéfiques. Parmi eux figurent les syrphes et les guêpes parasitoïdes, deux précieux alliés dans la lutte contre des ravageurs comme le carpocapse des pommes (Cydia pomonella) et le puceron cendré du pommier (Dysaphis plantaginea), qui représentent des menaces majeures pour la pomiculture.
Cependant, bien que la flore spontanée contribue à attirer des ennemis naturels d’insectes ravageurs, les résultats, publiés dans la revue Agriculture, Ecosystems & Environment, ne permettent pas encore de garantir une réduction systématique des infestations. La compréhension des mécanismes en jeu, notamment des interactions complexes entre les différents insectes, nécessitent des recherches plus approfondies.
Pour répondre à ces défis, les chercheurs insistent sur l’importance d’optimiser la conservation et la gestion des ressources florales pour soutenir la lutte biologique contre les ravageurs du pommier. Bien intégrée aux pratiques agricoles, elle pourrait non seulement renforcer les populations d’ennemis naturels des ravageurs, mais aussi améliorer la résilience des agroécosystèmes. Cette approche s’inscrit dans une démarche globale de préservation de la biodiversité, indispensable pour bâtir une agriculture durable et respectueuse de l’environnement.
Référence : Ludivine Laffon, Armin Bischoff, Romane Blaya, Françoise Lescourret, Pierre Franck, Spontaneous flowering vegetation favours hoverflies and parasitoid wasps in apple orchards but has low cascading effects on biological pest control, Agriculture, Ecosystems & Environment, Volume 359, 2024, 108766, ISSN 0167-8809, https://doi.org/10.1016/j.agee.2023.108766